La sortie de Snowden d’Oliver Stone s’inscrit dans une dynamique de renouveau des films sur les lanceurs d’alerte, aussi bien à Hollywood qu’en France, dans les années 2010.

Article initialement publié sur europe1.fr le 1er novembre 2016.

L’homme ne paye pas de mine. Plutôt mince, pas franchement musclé, un visage pâle aux traits doux et barré par de grosses lunettes. Edward Snowden n’a physiquement rien d’impressionnant. Pourtant, c’est bien en héros qu’il apparaît dans le film qui porte son nom, réalisé par Oliver Stone (en salles depuis mardi). Dans Snowden, le jeune informaticien employé par la NSA et la CIA (joué par Joseph Gordon-Levitt) est clairement dépeint comme un justicier qui n’a pas hésité à sacrifier son confort de vie pour dénoncer la surveillance de masse des citoyens américains et devenir ainsi l’ennemi public numéro 1 aux États-Unis.

1999, année de naissance. Ce parti pris choisi par le réalisateur Oliver Stone – fin observateur des failles de son pays à qui l’on doit entre autres Platoon, Wall Street et W. : l’improbable président – finit d’imposer les lanceurs d’alerte comme un nouveau prototype de héros des années 2010. Pour autant, la figure n’est pas nouvelle. En 1999, deux films majeurs ont érigé des lanceurs d’alerte comme des chevaliers blancs, seuls contre des multinationales qui font passer le profit avant la santé des consommateurs : Révélations, de Michael Mann, sur l’industrie du tabac ; et Erin Brokovich, seule contre tous, de Steven Soderbergh, sur la pollution de l’eau potable en Californie.

Retour discret. Puis, écran noir pendant plus de dix ans. Aussi vite qu’ils sont apparus, les lanceurs d’alerte disparaissent des salles de cinéma. Au début du siècle, les (super)héros s’appellent Wolverine, Batman et Iron Man. Il faut attendre 2010 pour assister à un retour en catimini des lanceurs d’alerte, avec Seule contre tous. Ce film germano-canadien (même pas sorti en salles chez nous) retrace les révélations de la policière américaine Kathryn Bolkovac, incarnée par Rachel Weisz. A la fin des années 1990, elle a divulgué des documents prouvant l’implication d’employés de DynCorp, société militaire privée où elle a travaillé, dans un réseau de prostitution et d’un trafic d’êtres humains dans la Bosnie-Herzégovine d’après-guerre.

La suite sur europe1.fr !