A l’image du temps, un mois de novembre un peu schizophrène dans les salles, où on navigue entre films d’auteurs français, matches de tennis et bastons épiques.

Le Fidèle

Il y a six ans sortait Bullhead, un thriller tendu réalisé par Michaël R. Roskam, un inconnu à l’époque, et qui avait marqué les esprits. Après un crochet par les États-Unis (Quand vient la nuit, 2014), le Belge revient chez lui et livre un nouveau polar incandescent, nerveux et rythmé. Pour l’occasion, il retrouve son acteur fétiche Matthias Schoenaerts et s’adjoint les services de la star montante Adèle Exarchopoulos.

Le Fidèle est d’abord une histoire d’amour. Celle de la passion soudaine et brûlante entre Gino et Bénédicte, une pilote de course. Sauf que Gino cache un secret : de temps en temps, il se transforme en braqueur. Jusqu’au jour où ça tourne mal. Incapable de se séparer, le couple fusionnel s’engage dans une course contre le destin qui ne peut que mal finir. Sortie le 1er novembre.

Mise à mort du cerf sacré

En 2015, le Grec Yorgos Lánthimos prenait la Croisette par surprise avec The Lobster, une fable noire sur la place du couple dans la société. Deux ans plus tard, il revient en creusant plus avant le sillon du glauque dans Mise à mort du cerf sacré. Soit la relation morbide entre un chirurgien et un adolescent qui s’immisce dans sa vie privée, pile quand ses enfants tombent gravement malades.

A travers son nouveau long-métrage, Yorgos Lánthimos explore les thèmes de la famille, de la justice et de la vengeance, dans une sorte de mise en scène lugubre de la Loi du Talion. Intéressant sur le papier, le nouveau film du réalisateur grec déçoit. Le malaise pataud qu’il installe étouffe les performances des acteurs (Colin Farrell, livide) et ne provoque pas la réaction épidermique attendue. Sortie le 1er novembre.

Jeune femme

28 mai 2017. Sur la scène du Palais des Festivals de Cannes, Léonor Seraille vient chercher le prix du meilleur premier film, la Caméra d’or, pour Jeune Femme. Avec son actrice Laetitia Dosch, elle monte sur scène les yeux écarquillés. Visiblement très émues, les deux jeunes femmes livrent un discours simple mais touchant sur cette expérience étrange qu’est un premier film.

Cinq mois plus tard, l’heure est venue de découvrir le film qui a reçu les faveurs de Sandrine Kiberlain et de son jury. Jeune Femme, c’est le portrait de Paula, une Parisienne un peu bohème. Virée de chez elle, elle se retrouve libre comme l’air avec son chat sous le bras et sous insouciance. Un poil désinvolte, légèrement piquante, Paula se laisse porter par le courant de la vie. Sortie le 1er novembre.

Borg vs. McEnroe

L’histoire du tennis s’est écrite à travers quelques matches de légende. Parmi eux, la finale du tournoi de Wimbledon, en 1980, qui opposa pendant près de quatre heures le Suédois Bjorn Börg et l’Américain John McEnroe. Une opposition de style et de caractère qui a atteint des sommets d’intensité. Un matériau idéal que Borg vs. McEnroe se propose de reconstituer 37 ans après.

A l’exception de ce mois de novembre (voir plus bas), les films de tennis sont rares, le genre n’étant pas franchement cinématographique. Alors pourquoi aller voir Borg vs. McEnroe ? Parce que le réalisateur danois Janus Metz a construit son film comme un thriller. Le choc entre la glace (Börg) et le feu (McEnroe) ne peut que conduire à l’explosion de l’un des deux. Mais qui ? Réponse le 8 novembre.

Tout nous sépare

Les premières images de Tout nous sépare ont attisé la curiosité des fans de Nekfeu, rappeur parmi les plus populaires de la scène française actuelle. Et il y a de quoi : pour son premier film, Ken Samaras de son vrai nom joue aux côtés de, excusez du peu, Catherine Deneuve, Diane Kruger et Nicolas Duvauchelle. Un joli casting pour un film excitant, à défaut d’être très original.

Tout nous sépare, c’est la rencontre explosive entre deux mondes. Julia, fille d’une bourgeoise, est accro à Rodolph, un caïd des cités de Sète. Une relation violente qui déplaît à Louise, la mère, qui décide de séparer les deux amants. Mais en mettant les pieds dans un territoire qu’elle ne contrôle pas, confrontée à des gens d’un autre monde, elle se met en danger. Sortie le 8 novembre.

A beautiful day

Troisième film cannois à voir ce mois-ci : A Beautiful Day. Ou You Were Never Really Here, en VO, plus poétique. Récompensé du prix du scénario sur la Croisette, le long-métrage de Lynne Ramsay est pourtant assez classique : Joe, un ancien marine, accepte de retrouver la fille d’un sénateur kidnappée par un réseau de prostitution. Une plongée brutale dans les tréfonds de la nuit new-yorkaise.

Un scénario qui rappelle celui de Taken. Sauf que là où Liam Neeson jouait les action hero, Joaquin Phoenix est plus nuancé. Pour Joe, sa mission est à la fois une quête introspective et l’occasion de déchaîner la violence qui sommeille en lui. Barbu, le regard dur, Phoenix est brut comme jamais. Une performance minérale récompensée à Cannes par un prix d’interprétation. Sortie le 8 novembre.

Justice League

Et si, pour équilibrer toutes ces sorties cannoises, on allait voir un gros blockbuster qui tâche ? Avec ses affrontements épiques et ses effets spéciaux dantesques, Justice League se présente comme le candidat idéal pour faire le vide pendant deux heures. Après les échecs artistiques de Batman V. Superman et Suicide Squad, DC veut profiter du souffle frais de Wonder Woman pour redorer son blason.

Après seulement quatre films (dont deux solos), l’écurie de comics lance donc déjà sa Justice League dans l’arène. Superman tué par Doomsday, Batman s’attèle à monter une équipe de super-héros pour parer aux pires menaces. L’aide de Wonder Woman, Aquaman, Flash et Cyborg ne sera pas de trop pour battre Steppenwolf et ses armées de démons. Un choc aux proportions bibliques à ne pas rater. Sortie le 15 novembre.

Battle of the sexes

Film de tennis, deuxième set, service Oscars. Dans un tout autre style que Borg vs. McEnroeBattle of the Sexes aborde la petite balle jaune avec un double angle politique et comique. Là encore, il s’agit de l’histoire d’un match qui s’est réellement déroulé… entre une femme et un homme. En l’occurence le match d’exhibition qui a opposé en 1973 Bobby Riggs, ancien numéro un mondial âgé de 55 ans et Billie Jean King, 30 ans et meilleure joueuse de l’époque.

Loin d’être une blague ou un gentil match entre amis, cette « bataille des sexes » avait un vrai sous-texte sociétal puisqu’il s’agissait pour Billie Jean King de démontrer l’égalité des sexes en matière de tennis. Pour ce faire, elle a répondu à la provocation machiste de Bobby Riggs qui prenait la chose très à la légère. Bref, un match hors-norme sur et à côté du court, avec deux acteurs au top de leur forme : Emma Stone et Steve Carell. Sortie le 22 novembre.

Le Bonhomme de neige

Posons d’emblée ce fait : Le Bonhomme de neige n’est probablement pas un bon film. Il y a même de fortes chances que ce soit un mauvais film, à voir les critiques assassines de la presse américaine. Principal problème de ce polar nordique : l’incohérence. En cause : le réalisateur a « oublié » de tourner certaines scènes et n’a pas pu se rattraper faute de temps. Le montage final est donc un puzzle avec des pièces manquantes.

Alors pourquoi allez voir Le Bonhomme de Neige ? D’abord pour se faire son propre avis. Ensuite parce qu’il s’agit d’une adaptation d’un très bon roman policier de Jo Nesbo, prolifique auteur norvégien qui investit doucement le 7e art. Avec un peu de chance, si ne serait-ce qu’une petite partie de l’ambiance glaciale du livre ressort dans le film, alors tout ne sera pas perdu. Sortie le 29 novembre.